Vous connaissez ce sentiment de culpabilité voir de honte ? Lorsque toutes les femmes vous disent : « Oh c’est merveilleux ce sentiment de porter la vie, n’est-ce pas ? ». Bien sûr, j’aime sentir bébé grandir et s’épanouir. J’adore le sentir bouger mais non je n’aime pas être enceinte. Pourquoi je n’apprécie pas cette période ? Je vous dis tout ! Ce sujet est si tabou que j’ai longtemps hésité à vous en parler.

La grossesse n’est pas facile à vivre!

La maternité doit être belle. Cela doit être le plus beau moment de la vie d’une femme. D’ailleurs, on ne montre souvent que les aspects positifs de la grossesse. Tu ne le vis pas comme un paradis ? Tu n’es pas normale. Dès les premières secondes, on endosse le rôle de mère parfaite. Malheureusement, cela ne se passe pas toujours comme sur des roulettes.
 
Pour Lizzie (première grossesse), j’ai eu une grossesse de rêve. J’ai tout bien vécu jusqu’à la césarienne. Pour Yohan, je me sentais déjà moins à l’aise. Je rêvais de ce nouvel enfant. J’ai pris sur moi mais les gênes, les désagréments et les symptômes ont faits de moi, une véritable loque. Ayant accouché avec 6 semaines d’avance, je peux vous assurer que vous vous sentez très mal. 
 
Pour cette troisième grossesse, je me suis dit qu’il fallait savourer. Pourquoi ? Car c’est bel et bien la dernière. Mais au fond, qu’est-ce qui fait que j’apprécie sans véritablement profiter ? 

La transformation physique, une étape de la grossesse

Tout d’abord, la transformation de son corps n’est pas toujours évidente à accepter. Cette perte de contrôle ou presque sur soi peut nous dérouter. Surtout si la jeune femme en question est habituée à gérer son alimentation et son activité physique, alors là, c’est la révolution. On se retrouve du jour au lendemain avec une faim d’ogre, une fatigue incroyable, des nausées, des maux divers et variés mais aussi une prise de poids. Vive les hormones me direz-vous ! Il est évident que l’on peut « contrôler » en partie néanmoins on pense au bien-être de ce petit être qui lui n’a rien demandé, nous sommes bien d’accord.
 
Cette prise de poids incontrôlable est créatrice de complexes. Je ne suis pas dingue, je vous rassure ! De même, j’ai bien conscience d’avoir la chance de porter la vie. Je ne me plains pas du tout, je constate que cet état n’a rien d’idyllique. Je voudrais bien que la société cesse d’idéaliser ces 9 mois !

La difficulté de se mouvoir

Le ventre devient de plus en plus conséquent et de plus en plus lourd au fil des semaines de gestation. On est de moins en moins capable de faire certaines tâches pourtant quotidiennes et basiques. On se sent démunie et sans énergie. Cela peut commencer assez tôt dans la grossesse et pas forcément au 3ème trimestre. Encore une fois, trop de clichés font que l’on n’a pas le droit de se plaindre. Sauf, que si je n’arrive pas à bouger comme avant, je le dis que ça plaise ou non !

Enceinte, on t’oublie

Clairement, avoir un enfant, c’est passé au second plan. Ça, c’est bien normal. Il faut dire que ces petits anges prennent de la place. On donne tout à nos enfants. D’ailleurs, quand on voit l’évolution de la société, je me demande si ce n’est pas un tort… Bref, c’est un autre débat. Enceinte, les gens ne vous voient plus mais ne pensent uniquement à ce petit être. Encore une fois, cette réaction est logique mais je suis là aussi ! Paul et moi ne faisons qu’un, cela fonctionne dans les deux sens !

Pendant la grossesse, on culpabilise sans cesse

➤ J’ai des contractions ? C’est de ma faute, j’en ai trop fait.
➤ J’ai des nausées ? J’ai peut-être trop mangé.
➤ J’ai des remontées acides ? Mince, j’ai mangé quelque chose qui ne fallait pas.
➤ Je suis fatiguée ? J’ai peut-être tirée sur la corde. 
 
Et bien sûr, on sait te rappeler sans cesse qu’il faut te reposer et prendre soin de bébé…. Au fond, on pense à bébé mais toi… Ce n’est pas bien grave ! Une bonne fois pour toutes, nous sommes dépossédées de notre corps mais bien plus encore !

Comment déculpabiliser ?

Il est normal que ces changement nous perturbent et nous travaillent. Ces réactions ne signifient aucunement que l’on n’aime pas ce bébé à venir mais cet état. Là est toute la nuance. Pour limiter ces sentiments, il est important de parler avec le futur papa ou la future maman, de partager, de communiquer…. En comprenant d’où provient ce mal-être, vous pourrez essayer de l’apaiser. Votre entourage pourra également vous épauler. Quand je me plains de mon poids, que ce soit le futur papa ou mes amis, on me dit d’une seule et même voix que je n’ai pris que quelques kilos et que je vais vite les perdre. Cela peut paraître idiot mais croyez-moi cela fait plus de bien que « Oh la la, tu as pris combien ? Tu accouches quand déjà ? »… Après cette réflexion, je pense immédiatement à une insulte ! 
Penser et savourer les bons moments est aussi très important pour vivre au mieux les choses. Je ne dis pas que l’on est épanouie mais on se sent déjà écoutée et comprise. Et ça, ça n’a pas de prix.  Durant 9 mois, j’aime cette relation unique et privilégiée avec mon futur enfant. J’aime sentir bébé me donner des coups, j’aime me sentir un peu plus mère chaque jour. Néanmoins, je n’aime pas ces changements ! Cela fait-il de moi une mauvaise mère ? Aujourd’hui, je peux vous dire un immense NON ! Lizzie et Yohan sont des enfants épanouis, ils sont heureux de vivre. La culpabilité s’évapore au fil des jours mais qu’est-ce que c’est dur d’avoir ce regard négatif des gens lorsque tu as le malheur de dire : « Il me reste … jours ». Oui et alors ??? Ce qui compte c’est bien la naissance et la vie de l’enfant, non ? Pour celles qui me suivent et ont rencontré mes enfants, elles savent à quel point je suis une maman aimante, présente et attentive. Je me lance des fleurs, vous avez vu ça !  J’aime mes enfants plus que tout au monde mais je n’aime pas être enceinte ! Point !
 
Je sais que certaines femmes se sentent « vides » après leur accouchement, pour le coup, je ne connais pas cela. Pour moi, c’est une véritable délivrance même si les premiers mois de la vie de l’enfant ne sont pas un long fleuve tranquille.  
 
Est-ce que cela vous surprend que l’on puisse ne pas aimer être enceinte ?
Comprenez-vous ces sentiments ambivalents ? 
Belle et douce journée.
Je vous embrasse.
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