Le trouble du langage oral est un sujet qui concerne de nombreux enfants et donc de parents. Aujourd’hui, je vais aborder les différents aspects de ce trouble, ses causes et les moyens de le détecter et de l’accompagner. Je vais vous partager mon expérience et mes connaissances sur le sujet. C’est parti pour un partage en toute simplicité pour vous, parent d’un enfant qui ne rentre pas dans les cases. Qu’est-ce que la dysphasie? Que faut-il retenir? Est-ce différent de la dyslexie?

Trouble du langage oral : les marqueurs

Le trouble du langage oral se manifeste par des difficultés à comprendre, à s’exprimer ou à utiliser le langage de manière appropriée. Ces désagréments affectent différents aspects du langage, tels que la prononciation, la syntaxe, l’expression, le vocabulaire ou la compréhension. Les enfants et les adultes souffrant de ce trouble rencontrent des problèmes pour organiser leurs idées, pour trouver les mots justes ou encore pour construire des phrases cohérentes.

On retrouve des difficultés dans l’articulation, la production orale et écrite et la lecture. L’origine n’est pas encore clairement définie, on évoque la génétique mais pas seulement. 7 % des enfants de 3 ans ½ présentent un retard significatif du développement du langage tandis que 2% des enfants ont un trouble du développement du langage.

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Les éventuelles causes du trouble du langage oral

Les troubles du langage oral peuvent avoir des origines diverses, dont certaines sont encore mal comprises. Parmi les principales causes, on retrouve :

  • Les troubles neurologiques, tels que la dysphasie, qui sont liés à un dysfonctionnement du cerveau et affectent la compréhension et la production du langage. Il ne s’agit pas de troubles d’ordre psychologique. Ces troubles sont présents dès la naissance ou sont susceptibles de se développer plus tardivement. Attention, un enfant peut avoir un trouble du développement du langage et une parfaite compréhension ou mettre plus de temps à analyser. Il existe autant de troubles que d’individus même si les points communs sont nombreux. Yohan a un trouble du langage oral, il est dysphasique. Il met parfois du temps à assimiler néanmoins sa compréhension est parfaite.

  • Les problèmes auditifs, comme la surdité ou les troubles de l’audition, entravent la compréhension du langage et l’apprentissage de la parole.
  • Les troubles du développement, comme l’autisme, qui entraînent des difficultés d’interaction sociale et de communication.
  • Les facteurs environnementaux, tels que le manque de stimulation du langage à la maison ou la présence de troubles d’apprentissage chez les membres de la famille.

Il est important de noter que ces causes ne sont pas exclusives les unes des autres et qu’un enfant peut présenter plusieurs facteurs de risque.

Les signes d’alerte et le diagnostic des troubles du langage oral

Détecter l’apparition du TDL, le plus tôt possible est essentiel afin de mettre en place un accompagnement précoce adapté. Voici quelques signes d’alerte à surveiller chez les enfants :

  • Un retard dans l’acquisition de la parole, par exemple si l’enfant ne prononce pas de mots simples à l’âge de 2 ans, l’absence de prépositions et de pronoms après 4 ans,
  • Des difficultés à comprendre des consignes simples ou à suivre une conversation.
  • Une mauvaise prononciation des mots ou des problèmes d’articulation.
  • Une expression tiraillée et parfois décousue.
  • Des raisonnements sans liaison ou avec de grosses erreurs d’interprétation.
  • Un vocabulaire limité pour son âge qui affecte les échanges.
  • Des difficultés à construire des phrases cohérentes.

Si vous êtes confrontée à l’un de ces signes, il est important de consulter un professionnel de santé, comme un pédiatre ou votre génréaliste. Celui-ci vous aiguillera vers un orthophoniste dans l’optique de réaliser un bilan. Ce premier point dessine un accompagnement sur mesure et soutient l’enfant dans son développement langagier. Il existe plusieurs niveaux de dysphasie : de la plus légère à la plus sévère. Pour la suite, il est important de bénéficier d’une évaluation faite par un neuropédiatre spécialisé dans le domaine pour avoir un diagnostic clair.

L’accompagnement, un point à ne pas négliger

L’accompagnement des troubles du langage oral est essentiel pour améliorer la qualité de vie des personnes concernées et les aider à progresser dans leur développement. Les professionnels de santé jouent un rôle clé dans ce processus.

L’orthophoniste est le professionnel de référence pour les troubles spécifiques. Il évalue les compétences langagières de l’enfant et propose des séances de rééducation d’orthophonie adaptées à ses besoins. Cette prise en charge se pratique en individuel ou en groupe et implique la participation des parents.

D’autres professionnels interviennent dans l’accompagnement des troubles du langage oral, comme le psychologue, l’ergothérapeute, le psychomotricité ou l’enseignant spécialisé. Chacun apporte une expertise complémentaire pour aider l’enfant à développer ses compétences langagières, ses manquements à l’écrit et à surmonter ses difficultés.

Les instituteurs ou les professeurs sont des personnes de cofinance dans le quotidien de nos enfants. Ainsi, il est essentiel de les impliquer (sans pression) et de leur exprimer au mieux vos attentes et les besoins de votre enfant. Il en va de même si une AVS intervient : elle est là pour votre enfant et son épanouissement.

Un point à souligner : de nos jours, les enseignants manquent de temps et de moyens, ce n’est pas une place facile. Il est bon de garder ça en tête car parfois en tant que parents, nous interprétons mal les événements. De plus, le manque cruel de formations s’avère être une barrière supplémentaire. Dans le cas de Yohan, les instits ont toujours eu besoin de plusieurs mois d’adaptation, il va de même pour lui. Ainsi, la relation s’en retrouve parfois altérée. Je rêve d’intervenir auprès des équipes éducatives afin d’échanger et de raconter notre parcours.

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Mon fils est dysphasique, mon témoignage

Yohan, aujourd’hui âgé de 10 ans présente un trouble du langage oral. Dès l’âge de 2ans, les signes sont apparus : mauvaise prononciation, mémorisation difficile, compréhension moins évidente que les autres enfants de son âge. Néanmoins, nous pensions qu’il était juste né prématuré et que c’était le « petit dernier ».

Des mots comme « feignant », « ça viendra plu tard » ou « pourri gâté » sont souvent cités par l’entourage mais il n’en est rien. Yohan a mis du temps à marcher, à trouver son équilibre et à se sentir à l’aise avec son corps. En effet, un trouble du langage oral impacte la confiance en soi et le rapport aux autres mais aussi dans certains cas l’équilibre et la coordination.

J’étais la seule à le comprendre, en effet, Yohan déformait les mots ou ne les terminait pas. L’eau était le « coco » par exemple ou le manteau devenait le « to ». Il a fait des phrases « sujet+verbe+complément », bien plus tard vers 6 ans.

Lorsque l’on m’a annoncé le diagnostic, je n’y croyais pas même si au fond, je savais bien qu’il avait du retard. Dans notre entourage, ce petit ange si sage et si gentil était le premier, nous n’en avions jamais entendu parler. Le déni puis l’acceptation ont rythmé les années de maternelle. Depuis l’âge de 4 ans, mon petit garçon avec un trouble du langage oral est suivi par une orthophoniste. Nous avons eu un accompagnement psychomotricien et psychologue.

Fort heureusement, l’entrée à l’école maternelle s’est très bien passé. Rapidement, il a eu des camarades de classe tandis que sa sœur en dernière année lui permettait d’être « plus en sécurité ». Il n’a jamais aimé l’école malgré des enseignants géniaux. Les répercussions sur l’apprentissage sont nombreuses mais j’en retiens principalement deux: il est rentré très tard dans la lecture et il a des problèmes à retranscrire.

Ainsi, Yohan a un faible niveau en français. Actuellement en CM1 à l’école primaire, Yohan a une année semée d’embûches et de difficultés avec la conjugaison, la grammaire, les dictées et j’en passe. De nos jours, Yohan dispose d’un suivi en orthophonie et en ergothérapie pour la prise en mains de l’outil informatique. Le but de l’accompagnement est de le soulager. En effet, un enfant avec un trouble dys est très vite fatigué et fatigable. Et pour les parents, je dirai même fatigant.

Nous envisageons une orientation 6ème Ulis pour lui permettre de suivre les enseignements classiques et d’intervenir spécifiquement sur le français, zone de faiblesse. Nous exploitons chaque jour sa zone de génie afin de le mettre en confiance : il est doué en sciences, en histoire et se passionne pour la vie du quotidien. Il aime lire, il apprécie découvrir et apprendre : pourtant, ce n’était pas gagné. Yohan prend confiance en lui, en ses capacités et en ses super pouvoirs.

Bien sûr, ces mots ne sont que notre exemple, notre réalité, notre quotidien.

Évidemment, il ne rentre pas dans les cases mais finalement est-ce que nous adultes sommes dans des cases? Pas vraiment! Alors pourquoi se buter à faire de nos enfants des moutons? Nous avons tous nos forces et nos faiblesses,  nos besoins et nos envies, et si nous laissions nos enfants avancer, grandir et s’aimer plutôt que de les caser?

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A travers ce texte, je voudrai envoyer un message d’espoir à tous les parents dont les enfants ont un trouble dys. Croyez en eux, en vous, en la vie! Même si le parcours est semé de difficultés, même si c’est épuisant de se battre, nous en ressortons bien plus forts. La vie d’un enfant dys se ponctue de batailles, d’envies, de pleurs, de plaintes mais aussi d’amour, de compassion et d’empathie. Je peux dire que Yohan fait doucement mais sûrement de sa différence une force.

La dysphasie vue par Yohan 10 ans : « J’ai des difficultés à parler. Avec l’âge, c’est moins présent. A l’âge de 3ans, je disais un seul mot. Je ne faisais pas de phrase, je pensais au ralenti et j’utilisais mon jargon peu reconnu uniquement. Je n’apprends pas comme vous tous. Je retiens moins bien, j’ai du mal à me concentrer. Je suis très vite fatigué. La lecture est difficile pour moi, assembler les syllabes me demande une énorme concentration. Apprendre me demande du temps, je fonctionne par étapes. Je fonctionne par étapes parce que je n’ai pas vraiment le choix mais j’ai le mental. Cela ne remet pas en cause mon intelligence ou mes compétences mais les conséquences restent visibles. C’est difficile, chaque rentrée scolaire signifie des ajustements et des rendez-vous parce que les enseignants ne sont pas bien renseignés pourtant 2 garçons sur 100 sont dysphasiques. Je développe des stratagèmes par rapport au contexte et maman m’aide beaucoup dans cette voie. Mes parents m’accompagnent et refusent par exemple que pour le moment je fasse une langue supplémentaire. Je suis jeune j’ai toute la vie devant moi pour apprendre à prononcer certains mots, à maîtriser la syntaxe verbale ou à travailler mon articulation. Chaque dys a sa propre avancée, j’ai la mienne ».

Néanmoins, l’évolution se voit. Nous travaillons durant les vacances, nous ne lâchons rien dans l’optique de rendre l’année scolaire plus douce, moins rude.

En tant que parents, mon témoignage de maman

Nous sommes souvent oubliés. Il faut dire qu’entre les intervenants et l’enfant, le parent est un peu la dernière roue du carrosse. Pourtant, nous sommes les aidants de nos enfants, nous sommes les seuls à les connaître et avoir conscience de leurs véritables attentes et besoins. A ce titre, je vous conseille de vous manifester, d’échanger et d’être authentique. Parfois, cela peut créer des conflits néanmoins vous devez être transparent sous peine de vous perdre. Et puis, montrez-vous, osez dire les choses. J’ai eu tendance à enfouir mes émotions et mes contrariétés.

Mais aujourd’hui, je peux l’écrire et le dire, le diagnostic a été un vrai chamboulement, un traumatisme. Après des séances de kinésiologie, deux éléments importants de ma vie sont ressortis : le décès de ma grand-mère et le diagnostic sans oublier le suivi, l’absence d’informations concrètes sur le processus etc.

Donc, ne vous laissez pas happer, écoutez les intervenants mais gardez votre libre arbitre et dites-vous une chose : la dysphasie est avant tout un handicap scolaire et non une pathologie, s’il est maîtrisé, connu et travaillé avec une vraie rééducation constante et régulière, votre enfant en ressortira plus fort et meilleur. Tout est possible! J’ai eu des témoignages magnifiques d’enfants aujourd’hui devenus adultes. Ils sont heureux, ont divers métiers mais ce qu’ils retiennent reste l’investissement de leur papa, de leur maman et de la pression ambiante.

Lâchons prise pour eux et pour nous. Du jour où j’ai pris du recul et accepté le trouble de mon fils, je me sentais tellement mieux. Il est différent? Tant mieux, nous le sommes tous! Nous sommes uniques. D’ailleurs, dans « Jeanine, tu peux le faire« , je parle de l’ensemble de ces ressentis pour aider les femmes à mieux se sentir, à oser, à s’aimer et à vivre tout simplement.

Conclusion

Le trouble du langage oral est une problématique complexe, qui touche de nombreux aspects de la communication et du développement. Il est crucial d’être attentif aux signes d’alerte, de consulter rapidement un professionnel de santé et de mettre en place un accompagnement adapté pour aider les personnes concernées à progresser et à s’épanouir dans une vie normale. Yohan apprend avec une rééducation depuis sa plus tendre enfance, lutte, rame mais garde ce sourire qui le caractérise tant et c’est bien ce qui compte à mes yeux! Oui, on va encore devoir râler, expliquer, détailler mais est-ce vraiment grave? Non! J’espère que notre exemple et notre témoignage serviront à toutes les personnes en manque d’informations et d’explications.

Connaissez-vous le TDL?

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